Quand une consigne officieuse — « coupez toutes les têtes qui dépassent » — devient le mode opératoire de directions d’hôpitaux, c’est toute l’indépendance médicale qui vacille. Derrière les suspensions « à titre conservatoire », les remaniements de planning contre avis médicaux, les intimidations au bloc ou les sanctions fondées sur des rumeurs, se dessine une même logique: neutraliser la décision clinique au profit d’une verticalité managériale.
Le résultat?
Des équipes brisées, des lits fermés, des patients perdants.
Source détaillée des faits et cas cités: communiqué du SNMH-FO « Une pluie d’enquêtes administratives… » (lire ici).
À lire pour respirer et résister (notre sélection de livres):

BD satirique qui immortalise
l’absurde administratif:
12 Juillet

L’espoir thérapeutique
et le sens du soin:
Du Cancer à la vie

Penser l’acte de soigner
à hauteur d’homme:
La pensée médicale en action
Ce que révèle la cascade d’abus: l’autorité qui remplace la clinique
Annemasse, Senlis, Verdun, GHEF, Valence, Bourgoin-Jallieu, Créteil, Verneuil-sur-Avre, Carcassonne, Ambert, Montpellier, Grenoble… La liste est longue. On y trouve des suspensions fondées sur des « événements indésirables non traités » interprétés à charge, des plannings imposés contre l’avis d’une cheffe de service, des descentes au bloc avec vigiles pour interdire d’opérer, des chefs suspendus pour motifs fallacieux, des menaces écrites puis retirées sous pression de CME.
Ce n’est pas l’exception: c’est un système où la décision administrative prime la décision médicale.
Quand un service génère beaucoup de recettes (système T2A = paiement à l’activité), des dérives peuvent être tolérées; en revanche, ceux qui s’opposent pour des raisons cliniques se retrouvent sanctionnés.verts; quand il conteste, on « décapite ».
Dans ce climat, la parole médicale se décrédibilise par design: le médecin devient un exécutant, l’alerte clinique une nuisance, la contradiction un motif de procédure.
On gouverne par la peur.
On soigne moins bien.
HPST: quand la verticalité étouffe la décision médicale
La loi HPST a transféré aux directions des leviers disciplinaires et décisionnels puissants, jusqu’à instaurer un arsenal quasi juridictionnel sans véritable contradictoire pour les praticiens.
Les pôles ont éloigné la gouvernance des services, dilué les responsabilités cliniques et renforcé les logiques budgétaires.
Restaurer l’indépendance médicale commence par des mesures structurelles: retour à des services identifiés et responsables, CME élues et mandatées pour l’ouverture de lits et l’embauche, et surtout un droit de veto médical effectif lorsque la qualité des soins est menacée par une injonction gestionnaire.
Quand l’indépendance vacille, l’accès aux soins recule
Un directeur qui remanie des plannings contre avis médicaux, c’est une maternité désorganisée.
Un chirurgien empêché d’opérer, ce sont des délais qui explosent.
Un psychiatre suspendu sur rumeurs, ce sont des patients laissés sans suivi.
Chaque micro-abus a des macro-effets: files d’attente, renoncements, pertes de chance.
L’accès aux soins n’est pas une formule: il est le fruit d’équipes stables, respectées, et d’une décision clinique libre de pressions.

La médecine de ville sous étau: quotas, objectifs, « télésoin » sans examen
Côté libéral, la mécanique est la même: mises sous objectifs, ententes préalables punitives, quotas d’arrêts de travail, et une inflation d’actes délégués (IPA, IA, officines) hors cadre ou mal encadrés.
Ajoutez des téléconsultations sans examen clinique et vous obtenez une pratique dégradée, où l’acte médical s’amenuise tandis que la statistique gouverne.
Neutraliser les médecins, c’est ouvrir la voie à une santé en enveloppe fermée: la logique comptable remplace la logique thérapeutique; la population devient une variable d’ajustement.
Revenir au pilotage médical: un plan clair et faisable
Rebâtir l’indépendance médicale n’est pas un slogan, c’est un cahier des charges:
- Re-créer des services (et non des pôles) responsables de leur qualité et de leurs lits.
- CME élues avec mandat d’ouvertures/embauches, non d’accompagnement des fermetures.
- Droit de veto médical sur décisions dégradant la sécurité des soins.
- Procédure contradictoire réelle et collégiale pour toute sanction visant un praticien.
- En ville: fin des délits statistiques, cadrage national des délégations d’actes, respect strict de l’examen clinique.
Une profession unie, des patients protégés
La très grande majorité des médecins, infirmiers, pharmaciens, kinés souhaitent soigner dans le cadre de leurs compétences et de leur formation, pas se substituer les uns aux autres par injonction budgétaire.
Redonner la main au diagnostic et au thérapeutique, c’est préserver la Sécurité sociale dans son principe: à chacun selon ses besoins, garanti par l’indépendance du jugement médical.
Et maintenant?
Le 4 octobre 2025, la Marche Blanche a rappelé que l’accès aux soins se défend dans la rue et dans les textes.
L’indépendance médicale n’est pas un privilège de praticien: c’est la condition de votre sécurité en tant que patient.
Votre témoignage compte: avez-vous vu l’effet des décisions administratives sur vos services ou votre cabinet?
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