Le Dr Bernard Massie, microbiologiste et virologue, défend une thèse tranchée: selon lui, l’origine artificielle du SARS-CoV-2 serait “claire”, le site de clivage à la furine du spike servant d’indice majeur et les outils de génétique inverse disponibles depuis des années rendant techniquement plausible une manipulation.
Dans l’entretien vidéo ci-dessus, il cite notamment les approches de reverse genetics popularisées par l’école de Ralph Baric et des méthodes de construction “sans cicatrice” pour modifier des coronavirus.
De l’autre côté, les évaluations publiques des agences américaines et les avis de l’OMS rappellent que l’origine du virus reste non tranchée: la communauté du renseignement considère à ce stade deux hypothèses plausibles—zoonose ou incident de laboratoire—et l’OMS souligne que toutes les hypothèses restent ouvertes en l’absence de données complètes.
Cette mise au point propose une lecture structurée des arguments du Dr Massie, puis confronte ces arguments aux publications scientifiques et aux prises de position institutionnelles les plus récentes, afin de clarifier ce qui est établi, ce qui est débattu et ce qui manque encore pour conclure. (Source)
Le cœur de la thèse du Dr Massie
Le site de clivage à la furine comme “indice”
Pour le Dr Massie, l’origine artificielle du SARS-CoV-2 s’appuie d’abord sur un élément moléculaire précis: un site de clivage à la furine inséré dans la protéine Spike. En termes simples, c’est une courte séquence d’acides aminés qui permet à une enzyme humaine, la furine, de “couper” la Spike et d’augmenter l’entrée du virus dans les cellules. Selon lui, la présence et l’agencement de ce motif ressemblent à une signature de manipulation plutôt qu’à une évolution naturelle. Il insiste sur le fait que cet “indice” ne prouve pas à lui seul l’ingénierie, mais qu’il la rend techniquement vraisemblable et cohérente avec des pratiques de laboratoire.
Les techniques de génétique inverse évoquées
Deuxième pilier de son raisonnement: la génétique inverse des coronavirus. Cette boîte à outils permet de reconstruire un virus à partir de fragments d’ADN complémentaires, d’insérer ou de modifier des séquences, puis d’obtenir un virus viable pour l’étude.
Le Dr Massie évoque des méthodes “sans cicatrice” qui laissent peu ou pas de traces apparentes d’édition. Combinée au site de clivage à la furine, cette capacité technique alimente, selon lui, l’idée d’une origine artificielle du SARS-CoV-2.
Il précise par ailleurs qu’il ne s’agit pas nécessairement d’une arme biologique: concevoir un agent à la fois très transmissible et très létal reste, d’après lui, évolutivement improbable.
Ce que disent les publications majeures
Reverse genetics et travaux de l’école Baric
Pour situer la capacité technique évoquée par le Dr Massie: depuis les années 2000–2010, plusieurs équipes ont décrit des plateformes de génétique inverse permettant d’assembler des génomes de coronavirus par fragments, d’insérer ou de modifier des séquences, puis de récupérer un virus viable pour l’étude.
En 2015, Menachery, Baric et al. ont publié dans Nature Medicine un travail emblématique générant un coronavirus chimérique via un système SARS-CoV, illustrant la flexibilité de ces approches de reverse genetics. Des protocoles détaillés décrivant la partition du génome en 5–7 cassettes et des méthodes d’assemblage “sans cicatrice” (type “No See’m”) existent également dans la littérature et les notes techniques de Baric, montrant comment des insertions/suppressions peuvent ne pas laisser de marques de restriction apparentes.
Ces éléments ne concluent pas à l’ingénierie du SARS-CoV-2, mais attestent que les outils permettant des modifications ciblées existaient bien avant la pandémie. (Source)
Le débat scientifique autour du site de clivage à la furine
Le site de clivage à la furine (FCS) du spike de SARS-CoV-2, absent chez les sarbecovirus les plus proches connus à l’époque, a alimenté des débats sur l’origine. Des analyses ont rappelé que l’existence d’un FCS peut émerger naturellement, tout en soulignant son rôle fonctionnel: des études chez le furet montrent qu’un virus dépourvu de FCS se transmet moins bien que le virus de type sauvage, et des revues récentes confirment l’importance du FCS dans l’entrée cellulaire et la transmission.
D’autres travaux (2021–2025) récapitulent que le FCS de SARS-CoV-2 est exceptionnel dans cette lignée tout en restant, en principe, explicable par des mécanismes évolutifs. En résumé, le FCS est un indice biologiquement pertinent mais non décisif: il soutient à la fois l’hypothèse d’une évolution naturelle sous pressions hôtes et celle d’une insertion en laboratoire, faute de données primaires complètes pour trancher. (Source)
Ce que disent les institutions internationales
Rapports et prises de position publiques
Côté institutions, le message officiel reste mesuré: l’origine du SARS-CoV-2 n’est pas tranchée et plusieurs hypothèses demeurent plausibles, dont l’incident de laboratoire et la zoonose. Des comités d’experts soulignent un point simple mais crucial: sans accès complet à certaines données primaires, il est impossible de conclure définitivement.
Autrement dit, la méthode doit primer sur la certitude affichée. Dans ce contexte, la thèse d’origine artificielle du SARS-CoV-2 défendue par le Dr Bernard Massie s’inscrit dans un débat réel, où l’exigence de transparence et de traçabilité expérimentale devient la condition d’une réponse crédible.
Pourquoi ce flou persiste
- Données incomplètes: l’absence de certaines informations brutes et de cahiers de lab empêche des recoupements décisifs.
- Conflits d’intérêts potentiels: quand financement, sécurité et réputation scientifique se superposent, la prudence institutionnelle s’accentue.
- Polarisation médiatique: plus le débat se politise, plus la communauté scientifique durcit ses standards de preuve avant toute déclaration tranchée.
Ce qu’on peut en retenir
Pour le lecteur, deux réflexes utiles:
- Demander les protocoles: qui a fait quoi, quand, avec quels contrôles et quelles validations indépendantes.
- Faire la différence entre absence de preuve et preuve d’absence: tant que les données critiques restent inaccessibles, la discussion reste ouverte.
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Points de convergence et de friction
Ce sur quoi les experts s’accordent
- Les outils existent: la génétique inverse des coronavirus et des méthodes “sans cicatrice” sont documentées et reproductibles.
- Le site de clivage à la furine a un rôle fonctionnel: il améliore l’entrée cellulaire et la transmission, ce qui en fait un marqueur biologique important.
- Les données manquent: sans accès complet à certaines données primaires, impossible de conclure définitivement.
Ce qui divise encore
- Interprétation du FCS: indice d’ingénierie pour certains, émergence naturelle plausible pour d’autres.
- Poids des arguments indirects: jusqu’où peut-on inférer une origine artificielle du SARS-CoV-2 à partir d’indices moléculaires et de capacités techniques documentées.
- Transparence institutionnelle: débat vif sur la publication des protocoles, cahiers de labo et chaînes de décision.
Pourquoi ce débat compte encore
Au-delà du passé, l’enjeu est prospectif: biosécurité, pratiques de recherche, audits indépendants, circuits de financement, gouvernance des risques. Clarifier l’origine artificielle du SARS-CoV-2 ou sa zoonose n’est pas seulement une question scientifique, c’est un mode d’emploi pour éviter la prochaine crise et rétablir la confiance.
Le Dr Bernard Massie soutient une thèse tranchée: l’origine artificielle du SARS-CoV-2 est techniquement plausible et cohérente avec des indices moléculaires.
Les institutions, elles, maintiennent que le dossier reste ouvert faute de données cruciales. Entre ces deux pôles, il y a votre exigence: comprendre, peser les arguments, demander des preuves, refuser les certitudes sans sources.
Dites-nous en commentaire ce qui vous convainc, ce qui vous fait douter et les données que vous jugez indispensables. Le débat progresse quand on met les preuves sur la table.